Si l'on en croit l'historien Denis Vaugeois, les gens inventent des histoires depuis soixante ans a propos du gouvernement de Maurice Duplessis. Dans le domaine de la politique, l'image generalement acceptee du Quebec d'avant la Revolution tranquille est celle d'une societe ecrasee par une Eglise catholique omnipresente, avec la complicite d'un gouvernement de l'Union nationale corrompu. L'arrivee au pouvoir du Parti liberal de Jean Lesage en 1960 devait mettre un terme a cette puissante alliance et permettre ainsi au Quebec d'entrer dans l'ere moderne. Se peut-il que les tendances politiques du clerge catholique se demarquaient alors de cette idee populaire et l'avaient toujours fait? L'Eglise et la politique quebecoise, de Taschereau a Duplessis jette un nouveau regard sur des prejuges concernant le role historique joue par l'Eglise catholique dans la politique du Quebec. Le soutien electoral du clerge a l'Union nationale, la ferme opposition de l'Eglise au droit de vote des femmes, l'origine clericale de la Loi du cadenas et le soutien accorde par l'archeveque de Montreal au dirigeant fasciste Adrien Arcand sont toutes des notions qui ont recu l'aval inconditionnel des historiens - des idees remises en question dans cet ouvrage. En ce qui a trait a la relation entre l'Eglise et l'Etat, Maurice Duplessis s'inscrivait dans la continuite de ses homologues liberaux. Apres avoir consulte des archives jusqu'ici inaccessibles, Alexandre Dumas en vient a la conclusion surprenante que l'Eglise catholique etait peut-etre plus sympathique a la cause du Parti liberal qu'a celle de l'Union nationale.